« Tabarnak de s'ti calisse », on est mercredi et une équipe fait déjà son dernier match de poule : celle du Québec. Face à elle, l'Italie, qui brandit fièrement son iconique « ITA » devant un public fiévreux. Dès les premières notes de leurs hymnes respectifs, l'accent des deux pays réunis ce soir font déjà sourire les spectateurs. De cette compétition, on ne pouvait attendre plus grand écart. 6300 km les séparent, et une scène de Mondial pour les réunir. C'est beau, l'impro.

A la croisée de leurs chemins, l'Alsace...et la première impro de ce match : « Route 67 ». Bien vu, l'arbitre. Une comparée aux doux accents d'ailleurs, comme le match de ce soir. En Italie, on sillonne la Route 66 dans une bagnole anglaise qui embarquent des « auto-stoppistes » anglais/japonais/russe... Direction Las Vegas, quand le Québec, lui, voit ses deux jouteuses perdues, à pattes, dans l'Arizona jusqu'à tomber nez à nez avec trois Marseillais machos qui tirent et qui pointent en plein désert.

Le premier échange Québec-Italie se fait autour d'un golf de bureau. « Les Dandys », pipe à la bouche, qui discutent dettes, généalogie du golf et profitent un peu trop de la sœur de l'un d'eux comme stagiaire-larbin. Il est question de thé, aussi : « le thé, c'est comme un café, mais différent en entier ».

Changement de décor. Littéralement, puisqu'on passe à une comparée Décor. L'Italie se lance dans des positions sportives que le Québec interprète comme une scène de crime, dans une enquête menée par « la police militaire de l'armée canadienne ». On aura rarement autant entendu parler de celle-ci et de ses gradés. Oui, « ça sent le sergent-major, par ici ! ».

Place aux Italiens qui voient dans la chenille créée par les corps québecois, le « nouveau train de Benjamin », entré en collision avec le doudou de sa sœur. Il est question de « posséder » les joujoux de l'autre, de gosses qui crient, de parents inquiets et d'un suivi psychologique.

Retour en mixte avec « Le sens de l'honneur », qu'il faut retrouver depuis que la honte a été ramenée sur une famille après un vol de (chewing-) « gommes ». On se vole et revole un blason et des armoiries familiales, pendant qu'un notaire québecois philosophe en punchlines : « une maison sans homme, c'est comme un champignon sans tronc, c'est pas pratique ». Mais surtout : « je ne peux pas courir, je suis notaire ».

Après toute cette agitation, une mixte à deux. « La Fleur de papier ». Une relation comme on aime en voir, entre Marta pour l'Italie, et Louis-Philippe pour le Québec. L'origami entre amis. Puis un « Camille, je t'aime aussi » et un « ...Voulez-vous vous taire un instant ?! » qui nous est adressé, plus tard, et c'est plié : on est subjugués. On finit le sourire aux lèvres, à fleur de peau.

Sans transition : une mixte A la manière du genre Cape et d'épée... « Le Dernier mousquetaire », Un D'artagnus, qui jure venger la mort du père d'une Milady éplorée, par des barbares anglais. On assiste à la mort éternelle d'un jouteur québecois et à un massacre final à l'épée sur le rythme de Tetris, mais surtout à une flopée de boutades dont un « D'Artagnus ? Dites-le plus fort. Surtout la fin ». Les blagues plaisent au public mais ne sont pas du goût de l'arbitre qui assène une faute majorée aux deux équipes pour Hors-catégorie, blâmant la parodie qui en a été faite plutôt que le respect du genre.

Pause. On en profite pour faire un détour au joyeux stand Petite restauration, avaler une crêpe sur le pouce, et claquer 3 bises. Puis on retourne vite en salle. Le rideau s'ouvre sur une belle image de groupe des deux équipes, posant flingues à la main, à la James Bond. Les jouteurs rejoignent leurs bancs respectifs et le Québec profite d'un temps de latence pour faire un selfie.

L'arbitre arrive et sort aussi les guns avec une Mitraillade Monothème Pentatlhon. De quoi donner du fil à retordre pour notre MC de ce soir, Chloé, qui s'empresse d'expliquer la catégorie au public. Mais surtout un défi et des surprises pour les jouteurs. Un « Passage en force » décliné en 5 catégories : une Contact (avec une histoire de divorce, de violences conjugales et de sexe entre anciens époux), une Clown (pendant laquelle le banc québecois, toujours équipé de leur smartphone, se fait apparemment une joie de filmer l'intervention de leur partenaire), une Tragédie Grecque (sur fond de fromage et de « malédiction de la digestion »), un petit bijou de Tex Avery/Cartoon (où les deux partenaires nous livrent un nouvel épisode extrêmement réussi de Bugs Bunny), et une Changement d'accent plutôt cocasse (où Québecois et Italien échangent...leur accent. Tout simplement. Mais pas si facilement).

Entre deux impros, notre MC, à l'origine des adorables petites peluches du Mondial, offre une miniature de ses créations dans le public et ça chante « Joyeux anniversaire ».

Retour au match, avec « Peinture fraîche », une comparée où l'Italie propose une Narrée-mimée, sur le parallèle entre la peinture (de murs) et les relations humaines, la procréation. Jalousie, désir, concurrence, et à la fin : l'arrivée de la modernité, avec le spray de la bombe de peinture.

Chez les Québecois, comble de l'ironie, on se plonge dans la...peinture italienne ! On assiste aux coulisses de la création de la Joconde : une « Mono » Lisa édentée qui n'aime pas sourire mais qui plaît bien à un « Connar(d) » qui galoche son portrait et s'en fout partout, pendant que Léonard part en lâchant « je vais penser à mes hélicoptères, je vous laisse une minute ». Une relecture originale de l'Histoire de l'art.

On reste dans le passé, avec « Le secret des druides ». Une mixte où un homme cherche la potion du courage en passant d'un druide à un autre. Défilé de noms de médocs avec « Aspirine », « Advil » et « Ibuprofène ». Mais aussi de « bâton mou » et « serpe molle ». Et parce que c'est toujours utile un arbitre bilingue, notre Dominique Della Scaffa (inter)national, nous offre une leçon de traduction italien-français à la fin de l'impro. C'est cadeau.

On enchaîne sur une Mort théâtrale. Pour le Québec, ce sera avec un blender dans un bus scolaire, et pour l'Italie, avec une montre dans un parc d'attraction. C'était...mortel. Une tuerie.

S'en suit une mixte, « Les Paparazzi ». On retrouve Marta et Louis-Philippe : décidément, le duo du match. Avec cette fois-ci, un début d'amitié entre une enfant-star sans ami et un paparazzi qui se défend de ne pas être pédophile mais, comme l'arroseur arrosé, finit...paparazzé.

Pour conclure ce match : une Remake, « Soleil de plomb », qui commence en énergie avec une Muet. Un couple à qui il arrive tout un tas de péripéties, qu'on revoit A la manière du mélodrame (« ma sueur, c'est de la laaaaave »), puis du Film d'action à gros budget, avec un tank de nourriture, des bananes en poudre « parce que c'est la guerre ». Mais sinon : « ….ça va ?! ».

Une bonne manière de finir le spectacle qui s'achève...par une nouvelle victoire du Québec : 9 à 5 ! Bravo, bravo !

Compte-rendu : Fanny SORIANO
Toutes les photos (crédits : Nastasia Chiarizia)