Mardi, 6ème jour. Facebook m’a annoncé à mon réveil une belle nouvelle pour l'asso, les orgas et les jouteurs : tous les matchs du Mondial sont désormais complets. Ce sera donc une nouvelle fois, et sans surprise, un spectacle devant salle comble. …Et cela s'entend dès les premières notes des Suisses qui entonnent pour le plat pays, Sous le vent… Céline et Garou. Des Québécois. Un pied de nez qui déclenche les premiers rires du public. La Belgique arrive. Son hymne commence à se faire connaître dans l'assemblée, qui répond rapidement à l'appel des Belges et «tape dans [ses] mains pour la Belgique».

Début du match, première impro : «Un cordonnier bien chaussé» qui pleure la disparition de toutes ses chaussures, volées par une Véronique pas très finaude et un Grégoire, un poil trop fétichiste. Difficile d'imaginer que cette rencontre se finira par une joyeuse invitation à aller bouffer des spaghetti de lacets. Et pourtant.

Changement direct d'ambiance avec «Le Monastère écarlate». Une série de meurtres, beaucoup trop de sœurs Marie/Marie-Machin, et même un frère Marie au couvent sous couverture «pour être près de Dieu et près des gonzesses». Malin mais assassin. Pour compléter le tableau : un mangeur de dorades offert en sacrifice et une déesse féministe.

Après s’être repenties au monastère, les deux équipes confessent leur Petits plaisirs. La Suisse envoie Nina, sur son kiff d'«éplucher une mandarine en une fois» et une expo de pelures, et pour la Belgique, c'est une Instagrameuse de Pékin interprétée par Sabine qui nous a parlé de retour à la nature, à ses racines, après avoir «marché pieds nus dans l'herbe».

La suite, c'est un rêve éveillé. Coup de cœur pour un MJ qui sort ses pouces, un public et des jouteurs qui débriefent en after, tellement c'était beau, tellement qu'on en veut encore. «La porte des songes». Un enfant qui s'échappe en rêve dans «un hôtel qui n'apparaît que lorsqu'on a des tracas», pour fuir une réalité avec un beau-père exécrable et une mère mourante. Derrière la porte, «ça sent le doudou», on peut s'appeler comme on veut et on retrouve sa maman. C'est beau, on est pas loin de pleurer, mais l'impro doit finir. Le petit Étienne/Hector se réveille. Et nous aussi.

Après les larmes, «Deux gouttes d'eau». Des comparées. Un couple belge se perd dans le désert et parle de lécher la sueur dans le dos d'une vendeuse de loukoums sur son chameau. Côté Suisse, trois potes un peu trop portés sur la binouze s'en prennent à un quatrième qui découvre la sobriété : «j'aime ça de pas être tout le temps saoul».

On reste dans le gag avec la mixte qui arrive : une Zone de contraintes, avec «Un ultime sacrifice». Celui d'un dernier grain de raisin, qu’on se dispute, à deux (Julien pour la Suisse, Émilie pour la Belgique), en se suivant du Péplum au Dessin animé pour les enfants en passant par un sensuel Téléphone rose. Nouvelle fournée de Bien-vu du MJ.

Une petite LoliBinch à la mi-temps plus tard, on découvre les catégories Au choix de cette nouvelle comparée pour un «Faux positif». Les deux très participatives pour le public… Salade de fruits chez les Suisses : des fruits/légumes-totem donnés par les spectateurs pour les jouteurs sur scène…  Une bonne poire, un poireau enceinte, et de quoi te faire une bonne soupe. Côté Belges : Finis ma phrase. Un dîner galant, une annonce de divorce et un tango en tongs.

Pour rester dans les fruits : «La cerise sur le gâteau». En bref : une mixte très courte, un gâteau très gros. Ah oui et… «attention, le fouet !»

S'en suit une Rimée double, en mixte, avec pour décor un garage. Il est question de voler une Honda et de finir en prison et se faire en***er. (Ah non, je n'en dirais pas plus. La Suisse s'est déjà pris une faute de bienséance sur ce coup-là.)

Coup d'après, une comparée sur «L'ouverture facile». En Suisse, l'histoire du timide Thierry, amoureux d’une Shirley, avec qui il partage une carte de bibliothèque, et une voix off qui chapeaute le tout, non sans humour. Et en Belgique, il est apparemment plus difficile d'ouvrir la tirette de son sweat, que de garder ses sapes sur scène. Une histoire de braquage nudiste. Marko en perd son jean et finit bien torse nu. Faute de bienséance : le MJ n'a pas apprécié La Casa de Mamelles.

Retour aux mixtes avec une d'actualité : «Des bonbons et des sorts», une sombre affaire de phobie des marguerites, de traumas, et de déguisement de pata negra, au temps d'Halloween.

Puis une merveilleuse 1001 nuits «Hassan le Tailleur». Malgré du cabotinage relevé et puni par le MJ, les deux équipes, aidés par l'ambiance sonore aux accents du désert créée par le musicien et le DJ, nous embarquent dans l'aventure du bel Ahmet. Un enfant de l'amour, mais un enfant de la honte. Un bâtard de sultan, promis à une belle destinée. Le tailleur a dû se rendormir et l'histoire s'est achevée. On en aurait presque redemandé.

Le match est serré : il faut une impro supplémentaire pour départager les deux pays. Ce sera une Squash. Gags à base de «matraque de sergent», de «mauvais trip LSD», de «Mexique, une idée fausse», de «Belgique, une idée fausse».

Les rires fusent pour chacune des équipes. Mais le public tranche : ce sera la Suisse, qui remporte le match 8 à 7 !

Fin du spectacle. Déjà de bons souvenirs. La salle se vide. Et depuis les coulisses, j’assiste aux retrouvailles entre le papa de José, le trophée, et sa création, sur scène. Au même instant : essayage de relique de T-shirt du premier Mondial à Strass en 1995, par Damien.

Petit moment d'émotion et shooting photo improvisé. C'est aussi ça, le Mondial. Puis tout le monde monte à vélo. Direction les afters. Le Terminal qui malgré son nom…ne fut pas le dernier. Et le Nelson, qui, comme un clin d'œil au spectacle de ce soir, tente de nous chasser à 4h en passant de la variété bien trop fort. Erreur, ils ont choisi Sous le vent. Garou, Céline et tous les motivés de l'after gueulent de concert avec les Suisses.

C'était une bonne soirée. On reviendra. Dès demain. Mais maintenant il faut dormir.

Compte-rendu : Fanny SORIANO
Toutes les photos (crédits : Nastasia Chiarizia)