Vendredi soir, le rideau s'ouvre sur une ambiance de feu. Venu soutenir leur équipe, on aperçoit des supporters suisses dans la salle... Et on les entend ! Pour ce dernier match avant la finale, les suisses rencontrent les italiens et rendent hommage à la langue mélodique de leurs camarades en entamant le tube « Despacito » au kazoo. Une petite pique sympathique qui lancent les réjouissances.

La première improvisation est comparée, avec pour thème centrale : la nourriture. Ça tombe bien c'est la journée internationale de la pâte ! Côté italien, un homme se rassasie d'un unique « spaghetto » joué par une comédienne dont la tête disparaît aussitôt sous son tee-shirt, déclenchant les rires du public.





En face c'est une bande de campeur égarés qui tombent nez à nez avec jack le tueur et terminent en barbecue car « au Québec on mange des gens, c'est dommage pour vous » ! Parmi les improvisations marquantes de ce match, on retrouve ensuite les jouteurs des deux équipes, dans une aventure égyptienne. L'explorateur anglais John Mayodi, réveille une terrible malédiction en découvrant le tombeau de Tonisis et perd aussitôt ses doigts. Les comédiens s'emparent de ce handicap comme moteur de jeu : c'est ainsi qu'on aperçoit une main seule, au détour des couloirs qui déclare : « J'étais comme vous auparavant. »



Dans « Chicago underground » deux femmes de cabaret se confient l'une à l'autre, en fumant une cigarette : « Putain Jenny, mais tu ne te vois pas comme nous on te voit ! T'as du talent tu sais, t'es la meilleure. » Ladite Jenny danse ensuite un solo de hip hop face à deux producteurs éloquents : « Si je vois une danseuse aussi bien que Chicago est Chicago, avec tout ce que cela veut dire... on est riches ! Nouveaux rires du public, puisque cela ne voulait strictement rien dire.

Au cours d'un saut en parachute deux hommes s'envoient littéralement en l'air, profitant du comique de situation qui les forcent à jouer la chute empilés : « c'est grand le ciel pourquoi tu choisis cette portion? » Ce qui permet aux italiens de montrer leur capacité à jouer la comédie, à la limite de la farce.



S'ensuit la deuxième improvisation forte de ce match, à la manière de Hitchkock, où une femme en proie au chantage se voit contrainte de retrouver une mystérieuse mallette, dans un hôtel de la rue de la Croyance. L'atmosphère de suspicion se développe, avec l'arrivée d'un personnage secondaire oppressant. Dans une très belle image, les deux femmes se surprennent (mutuellement) alors qu'elles tentent chacune de rentrer dans la chambre de l'autre : - « Vous entrez dans ma chambre ? - « Oui je vous cherchais. » La tension monte pour le plaisir du public, et redescend net, passant du cauchemar à la réalité.

En ouverture de deuxième mi-temps, les jouteurs improvisent en duos, autour d'un objet dévoilé au dernier moment. Dans cette catégorie très courte, la première image prime, et les jouteurs suisses mettent à profit leur éloquence. Une jouteuse s'exclame, devant deux minuscules tonneaux,: « ça ne va jamais suffire on a 450 invités ! ». Une femme cours au ralenti pour attraper une tirelire en forme de cochon, tandis que son frère qui se déplace normalement, la devance aisément et l'esquive comme il le souhaite, créant une situation comique quasiment inépuisable.



Place à l'émotion lorsque qu'un homme déclare son amour à dieu, et son désir de devenir moine. Et sa femme l'aime tant qu'elle renonce à lui.

Une nouvelle improvisation vient marquer les esprits : celle d'un père poursuivit pas les services sociaux alors qu'il élève seul sa fille. Son crime : lui avoir offert une girafe et un mini scooter. Le personnage de la petite fille fugue et entame plusieurs litanies naïves et poignantes. Mais tout est arrangé, grâce à la girafe dont la présence imposante, permet finalement de retrouver l'enfant.



« C'est le bossu de la place de Strasbourg, attention à ses tours ! » Un jouteur suisse, qui a seulement deux mots pour inspiration, improvise une chanson à la guitare, bientôt reprise en cœur par un public aux anges.



Le match se clôture sur une improvisation sans parole, accompagnée par Nils, le musicien de ce soir. Seuls les corps racontent cette histoire puisque les jouteurs portent un masque : un mélange de violence conjugale et d'amour.



Ce dixième spectacle se termine sur un score serré de 9 à 7, en faveur de la Suisse, qui rencontra donc le Québec en finale samedi soir.

Compte-rendu : Daisy Gand
Toutes les photos (Credits : Nastasia Chiarizia)